« Parfois, vous avez besoin de quelqu'un pour vous pousser »
Régulièrement, nous vous faisons partager le quotidien de l’équipe en donnant la parole à ceux qui nous connaissent le mieux : les coureurs ! Aujourd’hui, entretien avec Sophie, qui nous parle de son passage au Sa Calobra Cycling Club et de son incroyable performance sur la montée de Sa Calobra.
Pour ceux qui ne te connaisse pas, peux-tu te présenter ?
Sophie Daly : J'ai commencé à faire du vélo seulement fin décembre 2022 lorsque j'ai emprunté pour la première fois le vieux vélo de ma mère. Faisant face à une blessure qui m’empêchait de courir, le vélo m’a semblé une bonne alternative pour garder la forme. En janvier, j’ai essayé de rouler, 1h à 1h30, sur route et sur home trainer, car j'habite près des montagnes et les routes peuvent être verglacées à cette période de l'année. J’étais un peu déprimée de ne pas pouvoir courir et inquiète pour ma saison de course à venir. Mais est arrivé un moment où j'ai décidé que je devais avancer et prendre cela comme une opportunité de développer ma forme physique et de relever un nouveau défi. Au lieu de faire une semaine d'entraînement de course à pied au soleil comme je l'aurais fait si je n'avais pas été blessée, j'ai cherché un stage vélo. J'ai pensé que ce serait aussi un excellent moyen d'en apprendre davantage sur le cyclisme et de me sentir plus à l'aise pour faire de longues sorties seule. En tant que femme, se lancer dans un sport très masculin comme le vélo peut être assez intimidant. Mais je ne pense pas que cela devrait dissuader les femmes de se lancer. Il ne faut pas avoir peur ou honte de demander de l'aide et des conseils - c'est la meilleure façon d'apprendre. La communauté est très ouverte et accueillante.
Qu’a tu pensé du stage ?
S.D Je savais que je me lançais dans le grand bain puisque ma plus longue sortie avant le stage faisait moins de 70 km, donc chaque sortie ici allait être ma plus longue. J'ai vraiment douté de ma capacité d'endurance et ai même pensé : « peut-être que je ne pourrai pas terminer toutes les étapes cette semaine ». Mais je me suis surprise à être pleine d’énergie chaque jour, et ai bien récupéré. Je suis sûr que c'était lié à la qualité des repas et des ravitaillements. Tout au long de la semaine, j'ai appris l'importance de faire le plein correctement pour me permettre de rouler pendant de longues heures, de maintenir ma puissance et de mieux récupérer qu'auparavant.
Était-ce difficile ?
S.D J'ai adoré les défis qu'Aurélien nous a lancés à chaque ascension. Parfois, vous avez besoin de quelqu'un pour vous pousser, pour réaliser ce dont vous être vraiment capable. J’ai appris à gérer la douleur, et à surmonter mes doutes. Avec les encouragements de mes coéquipiers et l’envie d’être fière de mes performances lors des briefing le soir, le stage m'a vraiment appris que je pouvais souffrir beaucoup plus que je ne le pensais auparavant.
Tu as battu le meilleur temps pour une coureur SCCC sur Sa Calobra. T’attendais-tu à cela ?
S.D Je ne m'y attendais vraiment pas, d'autant plus que j'ai eu un problème d'étalonnage avec mon capteur de puissance lors d'une montée en début de sortie, ce qui m'a obligé à en faire un peu (beaucoup) trop pour atteindre l'objectif de puissance qu’Aurélien m’avait fixé. Mais j’étais prête à tout donner, et espérais pouvoir repousser mes limites grâce à l’ambiance de course qui régnait le vendredi. Mon objectif pour la montée était de souffrir le plus possible parce que je voulais me mettre au défi mentalement et physiquement - mais n’avais pas vraiment d’objectif de puissance ou de temps en tête. J’ai même basculé mon capteur de puissance sur la page de navigation pour la montée, parce que je ne voulais pas voir mes watts en direct et penser, « oh, je pousse trop fort, je ne pourrai pas tenir ça ». Au lieu de cela, je me suis concentrée sur mes sensations, pour ressentir la douleur dans mes jambes et me convaincre que je pouvais continuer malgré l'inconfort. Comme en course à pied, je suis restée calme et ai pensé à beaucoup de choses positives. Je sais que si je reste calme dans la tête, mon corps est plus détendu et je peux surmonter davantage la douleur.
Une fois au sommet, je ne voulais pas que l'ascension se termine. J’ai aimé cet effort, c’est quelque chose qui m’a beaucoup manqué ces derniers mois à cause de ma blessure. Je me souviens être arrivée au sommet et avoir pensé : « J'aurais pu faire ça plus vite. J'aurais pu pousser plus. » Mais je pense qu'en tant qu'athlètes, nous voulons toujours nous améliorer et nous pousser toujours plus loin. En fin de compte, j'étais heureuse de voir que j'avais poussé beaucoup plus de watts que l'objectif qu'Aurélien m'avait fixé, ce qui m'a donné confiance. Ma forme physique a vraiment augmenté au cours de la semaine, malgré la fatigue accumulée les premiers jours.
Quel est ton prochain objectif ?
S.D Avant le stage, le vélo n’était qu’un moyen de me maintenir en forme pour la course à pied. Maintenant, ce n'est plus le cas ! Je suis très reconnaissante d'avoir pu me découvrir un nouvel amour pour ce sport cette semaine. Un sport qui me met au défi, et me permet de prendre confiance en moi. En grandissant, je n'étais pas particulièrement sportive, donc pour moi, ce n'est que le début. Je suis ravie de voir ce que mon corps peut faire avec plus d'entraînement. J'ai hâte d’aller m’attaquer à toutes les ascensions mythiques près de chez moi dans les Alpes cet été. J’ai une longue liste en tête. Mais d’ici là, je vais continuer à m’entraîner, continuer mon apprentissage, et essayer de développer ma puissance dans les jambes en vue du stage de l'an prochain (je reviens en Février 2024) !
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